Ce dimanche 7 septembre 2025, Microsoft a émis une alerte critique à destination de ses clients Azure : deux câbles sous-marins majeurs, le SMW4 et l’IMEWE, ont subi une panne simultanée dans la zone stratégique de la mer Rouge. Conséquence directe, des perturbations importantes touchent aujourd’hui les performances réseau et la latence pour plusieurs régions desservies par Azure, suscitant l’inquiétude des entreprises et des développeurs qui misent sur la plateforme cloud.
Qu’est-ce que les câbles SMW4 et IMEWE ?
Ces deux installations font partie de l’infrastructure mondiale reliant l’Asie, le Moyen-Orient et l’Europe :
- SMW4 (South–East Asia–Middle East–Western Europe 4) : exploité par Telecom Italia Sparkle et d’autres opérateurs, ce câble de 19 200 km traverse la Méditerranée, le canal de Suez, la mer Rouge, l’océan Indien et remonte jusqu’à Singapour. Il connecte la France, l’Italie, la Grèce, l’Égypte, puis plusieurs pays du Golfe et de l’Asie du Sud-Est.
- IMEWE (India–Middle East–Western Europe) : long de 13 000 km, il relie la péninsule indienne à l’Europe via le Pakistan, les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, l’Égypte puis la Méditerranée occidentale et le Royaume-Uni.
Ces deux liaisons sont devenues, au fil des ans, des artères quasi vitales pour le trafic Internet, l’hébergement web, mais aussi pour les services cloud comme Azure, AWS ou Google Cloud.
Les conséquences géographiques de la coupure
D’après les relevés de NetBlocks, le dysfonctionnement des câbles SMW4 et IMEWE se traduit par :
- Augmentation de la latence : les paquets sont reroutés via des chemins plus longs, notamment en passant par le sud de l’Afrique ou le détroit de Gibraltar, ce qui ajoute jusqu’à 50 à 100 ms de ping supplémentaire entre l’Europe et l’Asie du Sud.
- Baisse de la bande passante : diminution notable du débit entre les centres de données Azure situés dans les régions Méditerranée, Moyen-Orient et Asie du Sud.
- Perturbation des liaisons intercontinentales : les services et sites hébergés dans ces zones connaissent des ralentissements, des time-outs ou des déconnexions occasionnelles.
Pourquoi Azure est particulièrement impacté
Azure exploite un réseau mondial maillé, mais certaines régions reposent lourdement sur ces deux câbles. Microsoft a confirmé que :
- Des clients d’Azure App Service, d’Azure SQL Database et d’Azure Virtual Machines risquent de subir des temps de réponse allongés, en particulier pour les requêtes transitant entre les régions Europe de l’Ouest, Moyen-Orient et Inde.
- Les solutions de sauvegarde et de réplication géo-redondante peuvent connaître des retards lors de la réplication des données, voire des échecs temporaires.
- Azure Cosmos DB et Azure Cache for Redis présentent des fluctuations de latence, impactant les applications distribuées en temps réel.
Les conseils de Microsoft pour limiter l’impact
Dans son communiqué, Microsoft recommande plusieurs actions immédiates :
- Basculer vers des régions alternatives : si votre application et vos données peuvent être hébergées sur d’autres zones Azure (Europe du Nord, Asie-Pacifique), configurez des règles de failover pour rediriger le trafic.
- Activer Azure Front Door : ce CDN et load balancer global permet de router automatiquement les utilisateurs vers l’endpoint le plus performant, en fonction de la latence observée.
- Utiliser ExpressRoute ou VPN Gateway : pour les entreprises nécessitant une connexion dédiée, Azure ExpressRoute propose des liaisons privées qui peuvent éviter les segments impactés.
- Surveiller les métriques réseau : mettez en place des alertes sur Azure Monitor pour détecter toute augmentation anormale de la latence et déclencher des actions automatiques.
- Réévaluer les SLA : informez vos équipes et clients de possibles ralentissements et ajustez temporairement les engagements de service.
Qui travaille à la restauration ?
Plusieurs consortiums télécoms ont confirmé qu’ils mobilisent dès aujourd’hui des navires spécialisés pour localiser la casse et remplacer les segments endommagés. Traditionnellement, la remise en service de tels câbles peut prendre entre deux et quatre semaines, selon la profondeur de la mer Rouge et la complexité des réparations.
Le risque de dépendance aux infrastructures physiques
Cette panne simultanée du SMW4 et de l’IMEWE rappelle que, malgré la virtualisation grandissante, le cloud s’appuie toujours sur des infrastructures physiques vulnérables. Pour les entreprises, c’est un rappel à :
- Multiplier les points d’entrée réseau : diversifier les routes d’accès en utilisant plusieurs opérateurs et technologies (fibre, satellite, 5G).
- Dupliquer les données : adopter une stratégie multicloud ou hybrid cloud pour ne pas dépendre d’une seule plateforme.
- Intégrer la résilience dès la conception de l’architecture applicative, avec des mécanismes de basculement automatique et des tests réguliers de reprise après sinistre.
En attendant la remise en service des câbles sous-marins, la pression est donc forte sur les équipes réseau de Microsoft, mais aussi sur toutes les organisations qui misent sur Azure pour leurs opérations critiques.