Fin du deal Google, Firefox menacé : votre navigateur préféré pourrait disparaître !
Un partenariat historique menacé
Depuis plus de quinze ans, Mozilla tire l’essentiel de son chiffre d’affaires d’un seul et unique partenariat : celui avec Google. En effet, le moteur de recherche de Mountain View est configuré par défaut dans Firefox et reverse à Mozilla une commission à chaque requête effectuée via son navigateur. Selon les estimations, ce « Google Search Deal » représenterait près de 85 % des revenus annuels de Mozilla, soit plusieurs centaines de millions de dollars par an.
Pourquoi le Département de la Justice américain en veut à Google
Le bras armé de la concurrence aux États-Unis, le Department of Justice (DOJ), reproche à Google de verrouiller le marché des moteurs de recherche grâce à des accords d’exclusivité et à des reversements de commissions jugés anticoncurrentiels. Dans sa plainte historique déposée contre Google, le DOJ vise notamment ces partenariats qui, selon lui, empêchent les nouveaux acteurs de s’imposer dans les navigateurs et sur les plateformes mobiles.
Les scénarios en cas de disparition du reversement Google
Si l’autorité américaine obtenait gain de cause et forçait Google à cesser tout paiement à Mozilla, plusieurs hypothèses se dessinent :
- Réduction drastique des ressources : sans ce flux de trésorerie continu, Mozilla devrait revoir son budget de développement et de maintenance de Firefox à la baisse.
- Hausse des coûts pour les utilisateurs : pour compenser, Mozilla pourrait proposer une offre abonnement « Firefox Premium » incluant des services additionnels (VPN, stockage cloud, support prioritaire) payants.
- Recherche de nouveaux partenaires : Bing, DuckDuckGo ou Ecosia pourraient devenir moteurs par défaut moyennant rétribution, mais aucun n’a pour l’instant la puissance de frappe de Google.
- Appel aux dons et à la communauté : fidèle à son modèle open source, Mozilla pourrait renforcer sa stratégie de financement participatif et encourager les dons des utilisateurs.
Quel avenir pour Firefox sans Google ?
En l’état, Firefox détient environ 3 % de parts de marché mondial des navigateurs web (un peu plus de 5 % en Europe), loin derrière Chrome, Edge ou Safari. La perte de revenus liée au partenariat Google fragiliserait sa capacité à innover et à garantir des mises à jour de sécurité rapides. Dans un contexte où la vie privée et la protection des données personnelles sont au cœur des préoccupations, c’est pourtant cette indépendance vis-à-vis de l’écosystème publicitaire qui fait la force de Firefox.
Les alternatives envisageables
Mozilla explore déjà plusieurs pistes pour diversifier ses sources de financement :
- Extensions payantes : un modèle « freemium » où certaines extensions seraient proposées sous licence commerciale.
- Services intégrés : déployer plus largement Pocket (pour la lecture ultérieure) et Proton VPN (service VPN open source) en version premium.
- Partenariats éthiques : nouer des accords avec des moteurs de recherche axés sur la confidentialité comme DuckDuckGo ou Qwant.
- Offres B2B : proposer Firefox for Enterprise à des organisations cherchant un navigateur sécurisé et personnalisable.
Conséquences pour les utilisateurs
Du côté des internautes, plusieurs scénarios peuvent être anticipés :
- Passage à une version payante : si un abonnement devient nécessaire pour conserver certaines fonctionnalités ou un support prioritaire.
- Changement de moteur par défaut : les utilisateurs pourraient devoir choisir manuellement leur moteur de recherche lors de la première installation de Firefox.
- Risque de stagnation fonctionnelle : sans financement suffisant, les développements majeurs pourraient ralentir, limitant les optimisations de performances ou d’interface.
Un enjeu plus vaste que Mozilla
Au-delà de Firefox, c’est tout l’écosystème de la navigation web qui pourrait être bouleversé. Le règlement du DOJ visera à rendre le marché plus ouvert, offrant une opportunité aux moteurs alternatifs de se faire une place dans les navigateurs et sur les appareils mobiles. Pour les geeks et passionnés de technologies, cette décision pourrait encourager une véritable émulation autour de nouveaux outils de recherche et de navigateurs alternatifs.
En attendant la décision du tribunal
Les audiences antitrust à venir détermineront si Google devra abandonner ou modifier son modèle de reversement. Pour Mozilla, l’enjeu est colossal : il s’agit de préserver l’indépendance de Firefox et, plus largement, de maintenir une offre concurrentielle face aux géants du web. Les prochains mois seront cruciaux pour la suite du navigateur open source qui a défendu la neutralité d’Internet depuis plus de deux décennies.