Intel jette l’éponge en Allemagne : son usine de puces XXL annulée et un tiers des emplois sacrifiés !
Intel abandonne son projet de usine de puces à Magdebourg
Peu après avoir dévoilé de grands plans pour renforcer sa présence en Europe, Intel vient de jeter l’éponge : le géant américain des semi-conducteurs renonce à la construction de sa nouvelle usine à Magdebourg, en Saxe-Anhalt (Allemagne). Ce projet, censé porter la technologie de fabrication de puces à la pointe, est officiellement abandonné.
Un coup dur pour la stratégie « IDM 2.0 » en Europe
Intel avait lancé en 2021 sa stratégie baptisée « IDM 2.0 », visant à relocaliser une partie de sa capacité de production sur le vieux continent. Parmi les piliers du plan figurait l’implantation de deux plants : un à Magdebourg et un autre en Pologne. L’objectif était double :
- Réduire la dépendance de l’Europe aux imports de puces asiatiques.
- Offrir à Intel un relais de production pour ses nœuds avancés, en complément de ses sites américains.
Or, Intel annonce aujourd’hui mettre fin au projet allemand et renoncer également à son usine polonaise, annulant ainsi la quasi-totalité de ses ambitions européennes.
Les raisons de l’abandon
Plusieurs facteurs expliquent cette volte-face :
- Coûts en forte hausse : le budget initial a explosé sous l’effet de l’inflation, de la rareté des matériaux et de la complexité grandissante des nœuds de gravure.
- Complexité réglementaire : entre permis de construire, normes environnementales et incertitudes sur les subventions publiques, les délais se sont allongés.
- Risques géopolitiques : la guerre en Ukraine et les tensions avec la Chine ont renforcé la prudence d’Intel, inquiet des chaînes d’approvisionnement.
Un tiers des effectifs sacrifié
Intel a confirmé que cette réorientation s’accompagnera d’une réduction drastique de ses effectifs : environ un tiers des salariés de la division chargée des projets industriels seront immédiatement concernés par des suppressions de postes ou des reclassements. Voici l’impact prévu :
- Des programmes d’aide au reclassement seront proposés aux employés allemands et polonais.
- Des négociations locales sont en cours avec les représentants du personnel pour limiter les dégâts sociaux.
- Intel évoque la possibilité de redéployer certains talents vers d’autres sites européens ou aux États-Unis.
Conséquences pour la filière européenne
La décision d’Intel constitue un revers pour les initiatives européennes :
- Pertes d’emplois** au niveau régional et national, avec un manque à gagner pour l’économie locale de Magdebourg.
- Démotivation des investisseurs** qui envisagent désormais plus prudemment leurs projets de construction de fabs en Europe.
- Remise en question du « European Chips Act » : la volonté de l’UE de produire 20 % des semi-conducteurs mondiaux d’ici 2030 perd un acteur majeur.
Le regard tourné vers d’autres acteurs
Avec ce retrait d’Intel, d’autres fabricants pourraient profiter de l’aubaine :
- TSMC et Samsung restent à l’affût pour étendre leurs propres capacités en Europe.
- STMicroelectronics, Infineon et NXP pourraient se positionner pour recevoir davantage de fonds et d’aides.
- De nombreux pays de l’UE rivalisent désormais pour offrir un environnement plus attractif (fiscalité, subventions, rapidité administrative).
Un appel à la relance industrielle européenne
Ce nouveau recul d’Intel ravive le débat sur la souveraineté technologique de l’Europe. Pour ne pas dépendre exclusivement de la bonne volonté des groupes étrangers, plusieurs pistes sont évoquées :
- Renforcer les programmes de R&D via des partenariats public-privé et des pôles d’excellence.
- Multiplier les “fabless” et les fabs locaux, notamment en soutenant les PME innovantes.
- Harmoniser et accélérer les procédures administratives pour attirer de nouveaux projets.
Et maintenant ?
Intel affirme qu’il continuera d’investir en Europe, mais sans ce « mega-projet » à Magdebourg. Les prochains mois seront décisifs pour voir si les acteurs du Vieux Continent parviendront à rebondir et à séduire d’autres géants du secteur, ou si l’Europe assistera à un vide industriel au profit de la Corée du Sud, de Taïwan et des États-Unis.