Starlink passe d’allié à concurrent des opérateurs mobiles pour 17 milliards de dollars
SpaceX continue d’étendre son empire technologique en annonçant l’acquisition d’un important lot de fréquences télécom pour près de 17 milliards de dollars. L’objectif : lancer son service « Direct-to-Device » (D2D) et offrir une connectivité mobile par satellite directement sur les smartphones et autres appareils sans passer par l’infrastructure classique des opérateurs terrestres.
Qu’est-ce que le Direct-to-Device ?
Le concept D2D repose sur la capacité des satellites à communiquer directement avec des terminaux grand public, comme nos téléphones portables, sans nécessiter de modem dédié ou de stations de base terrestres. Concrètement, Starlink va déployer une constellation de satellites spécialement configurés pour :
- Transmettre et recevoir des appels, SMS et données 4G/LTE (et potentiellement 5G) directement depuis un mobile.
- Garantir une couverture étendue, y compris en zones rurales, maritimes ou isolées où le réseau cellulaire est limité ou inexistant.
- Offrir une continuité de service lors de catastrophes naturelles ou de pannes réseau majeures.
Pourquoi SpaceX investit massivement dans ce spectre ?
Avec cette dépense colossale, SpaceX ne veut pas simplement compléter son offre Internet par satellite déjà plébiscitée avec Starlink. La firme d’Elon Musk vise à :
- Rendre obsolète le double équipement (antenne parabolique et smartphone) et simplifier l’accès à Internet pour tous.
- Diversifier ses revenus en facturant directement aux abonnés mobiles — un marché qui pèse plusieurs centaines de milliards de dollars par an.
- Créer un véritable pont entre l’espace et le monde des télécoms terrestres, en s’affranchissant des opérateurs historiques.
Les détails du rachat des fréquences
Il s’agit d’un « paquet spectrum » dans la bande des 1,4 GHz, très recherchée pour la téléphonie mobile et la 4G/LTE. Cette acquisition autorise Starlink à :
- Exploiter ces fréquences à des fins commerciales sur le sol américain.
- Louer une partie de ces droits à d’autres opérateurs ou à des acteurs privés.
- Intégrer cette bande à son réseau satellitaire pour assurer une latence réduite et de meilleurs débits.
Quelles conséquences pour les opérateurs traditionnels ?
Jusqu’ici partenaire de plusieurs compagnies mobiles pour équiper les zones blanches, Starlink devient désormais un concurrent direct. Les opérateurs classiques pourraient subir :
- Une érosion de leur base d’abonnés, séduits par la couverture D2D et une facturation peut-être plus attractive.
- Une pression à baisser les prix ou à investir davantage dans la couverture nationale.
- Une course aux innovations pour proposer des services complémentaires (IoT, roaming spatial, etc.).
Déploiement et calendrier prévisionnel
Selon SpaceX, les premiers tests D2D devraient débuter dès 2026 avec un petit groupe de satellites Starlink déjà en orbite. Le calendrier prévoit :
- Une phase pilote auprès de clients industriels et de secours d’urgence.
- Un accès grand public en 2027–2028, avec lancements de forfaits dédiés.
- Une extension progressive aux zones hors-États-Unis via des accords internationaux.
Perspectives et innovations à surveiller
Au-delà de la simple connectivité mobile, plusieurs pistes émergent :
- Des terminaux hybrides (smartphones SAT+cellulaire) qui basculent intelligemment entre les deux réseaux.
- Des services IoT mondiaux pour objets connectés en déplacement (suivi logistique, agriculture, météo).
- La mise en place d’un back-up satellitaire automatique pour garantir une disponibilité sans faille.
Avec cette opération à 17 milliards, Starlink confirme sa volonté de remodeler le paysage des télécommunications. L’ère où les ondes cellulaire et spatiale se complètent devient tangible, promettant un accès universel et sans concession, même là où aucun relais terrestre ne peut atteindre.